Les otages français au Niger
l’Algérie dévoile ses ambitions au Sahel

décembre 2010

Comme l’a rapporté la presse, cinq Français, un Togolais et un Malgache travaillant pour les sociétés françaises Areva et Satom ont été enlevés au Niger dans la nuit du 15 au 16 septembre dernier par l’AQMI. Cette affaire a été précédée, dans le même pays, par l’enlèvement de Michel Germaneau, un autre Français, le 19 avril 2010 et exécuté le 25 juillet 2010.
Par la capture de Pierre Camatte, Français lui aussi, en novembre 2009 au Mali, qui a été libéré le 23 février 2010. Par le kidnapping de deux Espagnols au Mali, Albert et Roque Pascual, libérés contre rançon le 24 août, et d’Alicia Gamez, elle aussi Espagnole, qui a retrouvé la liberté en mars. En raison des risques encourus, le rallye Paris-Dakar 2000 avait évité le Niger et celui de 2008 avait été supprimé. Depuis 2009, il se déroule en Amérique du Sud.


POUR MÉMOIRE

Le 18 novembre 2010, l’AQMI a fait diffuser un communiqué par Al-Jazeera, la chaîne de télévision qatarie.

Abdelmalek Droukdal, le chef de l’AQMI a dit : « Si vous voulez que vos citoyens prisonniers chez nous soient sains et saufs, vous devez vous hâter de retirer vos soldats d’Afghanistan en accord avec un calendrier précis rendu public ». Il a ajouté : « A l’avenir, toute forme de négociation sur ce sujet ne sera conduite avec personne d’autre que notre Cheikh Oussama Ben Laden selon ses conditions ».
Un moyen habile de délocaliser l’enjeu en donnant une ampleur mondiale aux activités d’une bande travaillant pour des intérêts situés en Afrique du Nord.
Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense depuis le 14 novembre, a répondu : la France « ne peut accepter que sa politique soit dictée à l’extérieur par qui que ce soit ». Une fermeté verbale assez peu de mise quand la vie d’otages est en jeu.

Pour Ahmed Ouyahia, Premier ministre algérien, « On n’a pas besoin d’un déploiement étranger au Sahel », pour faire face aux prises d’otages d’Occidentaux dans cette région par l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique). Ses propos dévoilent clairement les ambitions d’Alger dans la région.

Il a précisé au journal algérien « L’Expression » du 1er novembre : « Si demain nous avons une présence occidentale de quelque pays que ce soit, ils (les terroristes) vont devenir des moudjahidine et là, nous créerons un enfer avec les meilleures intentions du monde ».
Or, comme cela a été prouvé par le Centre de Recherches sur le Terrorisme et publié dans « Alerte Anti-Terroriste », les services de renseignements algériens exercent une certaine influence sur l’AQMI par le biais d’agents infiltrés. Les propos d’Ouyahia sonnent donc comme une menace.

Alors que propose-t-il ?
« Nous disons à nos amis du monde que les pays du Sahel ont besoin d’aide... Tant qu’il n’y a pas de développement (dans la région), la sécurité reste fragile ». Et de préciser : « Les pays du Sahel ont besoin de moyens ou de fonds pour développer l’administration des régions Nord de leurs pays et renforcer leurs forces de sécurité ».

En clair, le message signifie que nous, l’Occident, n’avons qu’à nous taire et à payer pour la sécurité de nos ressortissants en mission dans la région. Un chantage à peine discret.

Quant à l’Algérie, elle se réserve le beau rôle : « Nous assumons notre devoir sur notre territoire comme nous l’assumons à l’endroit de nos voisins à travers les mécanismes des chefs d’état-major, des services de sécurité et d’autres rencontres », ajoute Ouyahia.

Les services de renseignements tirent la sonnette depuis un moment pour alerter les hommes politiques de nos pays : les Algériens, tout en poussant l’AQMI à multiplier ses rapts, exercent une influence croissante sur les autorités du Mali et du Niger afin de jouer le rôle de super gendarme de la région.

C’est un processus de prise de contrôle du Sahel par l’Algérie auquel nous assistons. Or, si nous devons restés respectueux de l’indépendance de ces pays, nous n’avons pas vocation à financer leur recolonisation par un pays arabe en nous soumettant à un chantage au terrorisme.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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