QUI SONT
LES ISLAMISTES ?
définition de l'islamisme

août 2018

Fondamentalisme islamique

Pour certains, le qualificatif " islamiste " désigne tous les musulmans, d'autres ne l'appliquent qu'aux " terroristes " de confession musulmane.
Pour la plupart il n'est qu'un terme aux contours imprécis, variant dans son sens au gré des exigences de la conversation. Cette situation rend particulièrement hasardeux l'usage des mots " islamiste " et " islamisme ".

Les non-musulmans vont y recourir à tort et à travers sans même se comprendre. Quant aux musulmans, quand ils les entendent prononcés, instinctivement ils se sentent assimilés aux terroristes.

On voit l'importance d'une définition précise pour apaiser les débats et en rendre le fond compréhensible. Faisant de l'islamisme un synonyme d'islam, le dictionnaire nous est d'un piètre secours, puisqu'il nous renvoie à la notion très générale énoncée plus haut. Il faut comprendre l'Académie ayant pris du retard sur l'usage. Les mots " islamisme " et " islamiste " ont en effet évolué depuis l'arrivée massive de musulmans sur notre sol et avec la pression sécuritaire montante au Moyen-Orient, revenue en boomerang chez nous.

La carence d’une définition adaptée émanant de l’Académie nous oblige à nous tourner vers celle concoctée par nos amis anglo-saxons pour expliquer les mots « islamic fundamentalism », ou fondamentalisme islamique en français.

Comment les anglo-saxons définissent-ils l'islamisme?

Dans la langue de nos voisins, le terme « fundamentalists » recouvre les tenants d’une religion, voire d’un dogme politique, qui font une lecture intégriste de leurs textes de référence. Les "fundamentalists" insistent sur la recherche d’une pureté exemplaire et sur le retour à un idéal fondateur. On voit à quel point cette approche correspond à la pratique intégriste de nombre de religions, y compris à celle du judaïsme, voire du christianisme.

Mais alors, pratiquement, qu’est-ce qui différencie un fondamentaliste musulman, un islamiste, d’un croyant ordinaire de la religion de Mahomet ?

Un musulman peut pratiquer ses obligations religieuses tout en respectant les lois du pays où il habite. Cela ne fait pas de lui un islamiste mais un musulman pratiquant parmi d’autres.
En revanche, s’il revendique l’application du droit criminel musulman contenu dans la « charia », il mérite la qualification d’islamiste.

Nous parlons d’individus qui, par exemple, préconisent l’amputation de la main des voleurs ou la condamnation à mort de la femme adultère par lapidation (*). Plus généralement, nous faisons référence à tous les musulmans partisans du recours à la charia comme code de référence en matière pénale ou en droit civil, en particulier pour le droit de la famille et le droit des successions.

Dans certains pays, la charia est appliquée dans sa quasi totalité. Comme par exemple en Iran ou en Arabie Saoudite. Dans d’autres, elle l’est aussi mais plus partiellement, voire avec des aménagements, comme au Maroc ou au Pakistan. D’où l’adjectif islamiste qu’on peut parfois accoler à ces contrées.

Des nuances dans l'islamisme

Cette simple évocation nous fait percevoir l’existence de nuances dans l’islamisme.

Prenant les cas les plus outranciers, nous avons ceux d’Al-Qaïda ou de Daech. Sans entrer dans les détails, tous deux, classés avec raison terroristes, s’estiment le droit de convertir les musulmans et les non musulmans à leurs interprétations de l’islam par la force des armes.

D’autres, toujours des islamistes, veulent amener la population à leur conception de l’islam par le prêche suivi de la conversion. C’est le cas des Frères musulmans. Obtenant le soutien de la majorité, ils comptent ainsi s’installer au pouvoir et donner force de loi à la charia. Démocratiquement dirons-nous. Le processus était en cours en Égypte avec l’élection à la Présidence de la République du « frère » Mohammad Morsi, en 2012. Celui-ci s’était même attribué des pouvoirs législatifs avant de se faire chasser de son siège par le coup d’État du général Abdel Fattah Al-Sissi en 2013. Nous assistons à un phénomène équivalent de prise du pouvoir des islamistes par des moyens électoraux en Turquie.

Certains islamistes enfin, pour appliquer la charia tout en entrant dans la modernité, veulent une réinterprétation plus ou moins accentuée des textes. A ce propos, nous avons entendu plusieurs théories passant par l'ijtihad, c'est à dire "l'effort d'interprétation " des textes de référence. Il y a, en islam, plus de ressources qu'on ne l'imagine dans ce domaine.

Pour dire, qu’il existe une grande variété de doctrines islamistes, allant des plus intolérantes, et même des plus violentes, aux plus ouvertes et aux plus pacifiques. Point de règles donc, à l’égard de l’islamisme. Sinon qu’il faut savoir ajuster nos comportements et nos propos à l’interlocuteur en fonction de ses positions.

Cependant, à la fin, principe incontournable, chez nous, en Occident, la loi votée par le Parlement l’emporte sur toutes les législations religieuses. En pays à majorité musulmane, même si cela ne nous plaît pas, à la majorité de décider. A une condition, que les minorités ethniques, religieuses ou idéologiques ne soient pas brimées. Car c'est toujours le danger avec les religions et les idéologies politiques.

Alain Chevalérias

Note

*Petit détail, le coran ne parle pas de « lapidation de la femme adultère » mais de flagellation de l’homme et de la femme pris en flagrant délit d’adultère. Nous pouvons prouver ce point devant quiconque. La charia apparaît parfois en décalage par rapport au Coran.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

Lire aussi:

 

Retour Menu
Retour Page Accueil